La Photographie en Trek

Introduction

Grandeur et servitudes de la photo en trek

La vision des « maîtres »

Le matériel

Boîtier et objectif(s) ou appareil compact

Les accessoires

Le sac photo

Cartes mémoire et batteries

Traitement des images

Faites du RAW

Le traitement des images

Les techniques de prise de vue spéciales

Le HDR

Les photos panoramiques

Les panoramas à 360°

Le focus stacking

La vidéo

Les drones

Introduction

Grandeur et servitudes de la photo en trek

La plupart des gens font de la photo lors d'un trek. Il faut dire que les sujets ne manquent pas : les paysages bien entendu, mais aussi les habitants des contrées visitées, les maisons et bâtiments, la faune et la flore locale, les marchés, les inévitables couchers de soleil et bien d'autres encore. Bref, en trek tout est différent de chez soi et donc propice à la photographie. Ceci dit, le trek amène aussi son lot de contraintes pour le photographe.

Tout d'abord, il vaut mieux marcher léger. Même si j'ai vu quelques trekkeurs robustes, en forme et motivés emporter plusieurs boîtiers, une multitude d'objectifs et même un pied léger, on essaie généralement d'éviter ce genre de configuration. Dommage parce qu'un pied de trois kilos ça vous stabilise bien ce superbe objectif professionnel de 300mm que vous teniez tant à essayer.

Ensuite, il faut pouvoir accéder rapidement à son matériel sans sacrifier sa protection : le temps de poser son sac à dos, d'extraire l'appareil, de changer péniblement l'objectif si c'est nécessaire, de régler, de cadrer, de prendre la photo, de ranger l'appareil et de remettre le sac sur ses épaules, le groupe de marcheurs a déjà une ou deux centaine(s) de mètres d'avance sur vous. Ce n'est pas grand-chose direz-vous. Mais, à moins que vous n'ayez un niveau physique supérieur au leur, vous allez devoir forcer l'allure pour les rattraper. Multipliez l'exercice par le nombre de photos que vous allez prendre chaque jour et vous allez comprendre que l'appareil a de plus en plus de chances de ne sortir du sac que lorsque vous pensez être devant un sujet exceptionnel (et jamais pendant l'ascension des cols).

L’autonomie est un autre problème. En trek pas question de recharger ses batteries tous les soirs ou de vider ses cartes mémoires dans un ordinateur pour les réutiliser.

Le dernier gros problème est finalement qu'il n'est pas question, devant un superbe paysage éclairé par une mauvaise lumière d'attendre que cette lumière soit meilleure, à moins que l'on ne soit à l'étape du soir. Pas question, non plus, de changer de chemin parce que de l'autre côté de la vallée on aurait un meilleur angle pour photographier un sommet. En trek, on est là pour faire de la marche d'abord, de la photo ensuite ! Le chemin que l'on emprunte et l'heure à laquelle on se trouve dans un lieu donné sont définis par le programme et ne peuvent être amendés si les conditions ne se prêtent pas à la photographie. La seule alternative dans ces cas est de prendre une photo sans attraits, juste pour avoir un souvenir, ou de passer son chemin.

Alors, faut-il abandonner l'idée de faire de la photo en trek ? Pas du tout, cela signifierait passer à côté de photos superbes et uniques ! Il faut juste s'adapter à ces conditions un peu particulières.

Les conseils qui suivent sont tirés de ma propre expérience de plusieurs années de trek et de photo. Ne les prenez pas pour vérités d'évangile, il s'agit juste d'une opinion. Il est évidemment possible de faire de très bonnes photos en ignorant totalement ces conseils, mais je vous aurai prévenus !

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La vision des « maîtres »

Avez-vous déjà entendu parler de Gilles Bordessoule, Olivier Grunewald ou Oliver Fölmi ? Si, si, regardez bien sur la table de votre salon, il y a des chances qu'un de leurs « pavés » de plusieurs kilos contenant des photos à tomber par terre s'y trouve. Ces photographes partagent avec les trekkeurs de difficiles conditions de travail : ils vont chercher leurs portraits et paysages dans des endroits inaccessibles comme le fin fond du Zanskar ou le désert de Namibie. Et, sous une forme ou une autre, ils donnent tous le même conseil aux amateurs que nous sommes : arrêtez de bouger comme cela, restez plusieurs jours (ou même semaines, ou mois ?) au même endroit. Attendez la lumière (euh, au sens propre du terme, bien sûr, l'autre est réservé au bouddhistes), attendez de gagner la confiance des gens, attendez l'instant... avant de déclencher. Pour être l'objet d'autant d'unanimité de la part de personnes réalisant d'aussi belles photos, ce conseil doit être bon !

Malheureusement, il se trouve que j'aime cette errance permanente du trekkeur, cette transe que procure le rythme lent de la marche, ces paysages toujours renouvelés, ces rencontres éphémères et superficielles, cette ivresse de sensations, cette vie de nomade en transit. Alors tant pis : jamais mes photos ne figureront dans un de ces beaux bouquins, jamais je ne vivrai de cela et je continuerai de faire de la photographie ordinaire en marge de très beaux voyages.

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Le matériel

Boîtier et objectif(s) ou appareil compact

Un appareil photo de qualité, muni d'un objectif de qualité produira des images de qualité, mais ce n'est pas aussi simple. On entend par « images de qualité », images avec des détails très fins, une distorsion raisonnable (déformation de l’image), peu de vignettage (assombrissement de l’image sur les bords), un minimum de bruit (points juxtaposés de luminosité différente) lorsqu’il y a peu de lumière, une bonne latitude d’exposition (différence entre la partie de la scène la plus lumineuse et celle la plus sombre que l’appareil peut enregistrer). Entre une « image de qualité » et une « belle photo » il y a beaucoup de choses qu'un appareil, fût-il le meilleur du monde, ne fera pas pour vous : trouver un sujet intéressant, avoir une bonne lumière, attendre une expression ou un moment intéressant, composer l'image, faire la mise au point sur le sujet, régler les paramètres de prise de vue en fonction de l'intention photographique... Malgré tout, toutes choses étant égales par ailleurs, le meilleur matériel donnera les meilleures photos. Jusque-là, je n'ai rien dit de bien surprenant.

Malheureusement, dans la plupart des cas, plus un ensemble appareil-objectif(s) a de qualités et plus il permet des types de prises de vue diversifiées et plus il sera lourd et encombrant et c'est précisément ce poids et cet encombrement qu’il convient de minimiser en trek. Comme souvent, le compromis est donc la solution. Ceci dit, le niveau de compromis entre la qualité et le poids du matériel est différent pour chaque personne : soit parce que votre capacité physique vous permet de porter davantage, soit parce que vous n'avez, après tout, peut-être pas le besoin ou l'envie de faire de grands tirages d'exposition à partir vos photos. Je m’efforcerai donc de vous guider vers la solution qui vous conviendra le mieux quels que soient vos choix en termes de matériel. Les gammes des fabricants évoluent rapidement, j’éviterai donc de citer des marques et des modèles, sauf si je les ai utilisés, à titre d’exemple.

Tout en haut de la sélection, procurant la plus grande qualité et ayant le plus grand poids, se situent les reflex plein format. D'abord, ces boîtiers n’ont été vendus qu’en version professionnelle, c’est à dire protégés contre la poussière, l’humidité et les chocs. Cette protection serait bien utile lors d’un trek, mais elle ajoute tellement de poids au boîtier que dans ce format, il vaut mieux l’éviter. Diverses marques font maintenant des boîtiers plein format pour « amateurs avancés » qui n’ont pas ces caractéristiques et donc pas ce supplément de poids.

Viennent ensuite les reflex à capteur au format APS-C. Le capteur étant plus petit, le boîtier l’est aussi. Il est donc moins lourd. Moins évident à priori, la taille (et donc le poids) des objectifs adaptés à ces boîtiers sera aussi plus petite. En trek, pour qui veut conserver la qualité des appareils reflex sans subir le poids d’un plein format, c’est un excellent compromis.

Olympus OM-D E-M1

Descendons encore dans la taille des capteurs et nous trouvons le format « quatre tiers » où la taille du capteur est la moitié de celle des pleins formats, ce qui permet encore de diminuer la taille et le poids des boîtiers et objectifs par rapport aux APS-C. Au départ ces appareils « quatre tiers » étaient principalement des boîtiers reflex à objectifs interchangeables, mais la majorité sont aujourd'hui des hybrides. On les appelle alors des « micro quatre tiers ».

Parlons un peu de cette nouvelle classe de boîtiers à objectifs interchangeables, justement : les hybrides. Les hybrides peuvent avoir un capteur plein format ou APS-C ou quatre tiers. Les hybrides se distinguent des reflex par le fait … qu’ils n’ont pas de visée reflex précisément, c’est à dire renvoyant la lumière passée à travers l’objectif avec un miroir puis un prisme pour aller finalement dans le viseur. À la place, l’image enregistrée en temps réel par le capteur est affichée soit sur un écran au dos de l’appareil, soit sur un mini écran que l’on peut voir à travers un viseur (on parle alors de viseur électronique). Les viseurs électroniques n’étaient pas crédibles autrefois, car leur faible définition ne permettait pas de voir les détails de l’image, mais ils ont fait beaucoup de progrès aujourd’hui. La suppression du miroir et du prisme permet de réduire encore plus la taille (et donc le poids) du boîtier. De plus, les objectifs pouvant être rapprochés des capteurs dans un appareil hybride (pas besoin de prévoir l’espace nécessaire au relevage du miroir lors de la prise de vue comme sur un reflex), les objectifs sont plus petits également. Le résultat est donc un ensemble boîtier-objectif plus petit et léger que les reflex à taille de capteur équivalente. Avant de choisir un modèle hybride pour le trek, il faut surveiller notamment l’autonomie des batteries (qui est inférieure car la taille de ces batteries a été réduite proportionnellement à la réduction de la taille du boîtier), et le parc d’objectifs disponible (pas toujours complet). Toutes ces réductions de poids et de taille sont alléchantes toutefois, et d’aucuns n’hésitent pas à dire que les hybrides remplaceront bientôt complètement les reflex, même pour des utilisations autres que le trek car, trek ou pas, qui a envie de porter un matériel inutilement lourd  ?

Puisque nous avons vu les boîtiers à objectifs interchangeables, voyons un peu les objectifs. En trek, la variété des sujets et le fait que vous ne pouvez souvent pas changer de position pour varier les cadrages (quand le sujet est trop loin ou si le terrain ne permet pas d'aller où l'on veut), signifie que vous avez besoin d’une large plage de focales. Une large plage de focales signifie :

  • Un zoom grand angle (approximativement 14-28mm)
  • Un zoom trans-standard (approximativement 28-80mm)
  • Un télézoom (approximativement 80-200mm ou 80-300mm)

Le problème est toutefois le même que pour les boîtiers : ces trois objectifs, surtout si ce sont des modèles professionnels avec une ouverture constante f/2,8 et résistant aux projections d'eau, seront assez lourds. Il y a deux manières de résoudre ce problème.

La première est d'utiliser un appareil hybride micro quatre tiers. Le poids du boîtier et des objectifs s'en trouvera réduit au maximum, et l'on peut alors même se permettre de prendre des modèles professionnels avec une ouverture constante f/2,8 et résistant aux projections d'eau.

La seconde est d’utiliser un seul objectif couvrant le plus grand ensemble de focales possible. C’est une hérésie pour les photographes puristes, car si la plupart des fabricants ont créé ce genre de zoom couvrant les focales du grand angle au téléobjectif, ces « zooms universels » n’ont pas la qualité des zooms qui couvrent moins de focales et ont quelque fois une ouverture supérieure. Les fabricants ont toutefois fait beaucoup de progrès avec des objectifs couvrant des focales de 28 à 200mm ou 28 à 300mm (en focale équivalente plein format). Regardez les tests d'objectifs et vous vous apercevrez que la différence de performance n'est pas si importante que vous le pensez. On peut encore améliorer la qualité des images en ne les utilisant pas à pleine ouverture et pas au-dessus de la focale de 200mm, paramètres pour lesquels leur performance est souvent dégradée.

On peut compléter cet objectif à tout faire avec un objectif dont le poids et le prix sont des plus raisonnables : une focale fixe de 50mm (ou l’équivalent en considérant la taille de votre capteur) et à grande ouverture. Chaque fabricant propose un objectif de ce genre dans sa gamme à un prix très raisonnable. Ils sont également très légers comparativement à un zoom. Cet objectif peut servir notamment dans situations de très faible lumière, quand même l’extrême sensibilité à la lumière des capteurs numériques ne suffit pas (grâce à leur grande ouverture), en photo de rue ou pour du portrait, pour ne pas impressionner les sujets autant qu’avec un gros zoom, ou lorsque l’on est à la recherche de détails très fins dans une image et que la focale de 50mm convient (ou en composant avec un logiciel plusieurs images pour faire un panorama).

Comme expliqué au début, plus la taille d'un capteur est petite moins la qualité de l'image sera bonne. Jusqu'aux capteurs quatre tiers, toutefois la qualité des images est suffisante pour un usage professionnel et permet des agrandissements (la taille maximale de l'agrandissement dépendant toutefois de la taille du capteur).

En dessous ce cette taille de capteur, on tombe sur des appareils dont l'objectif n'est généralement pas interchangeable et dont la qualité d'image est moindre. Si les plus petits des appareils à objectifs interchangeables vous semblent trop lourds et encombrants et que vous ne pensez pas faire de grands tirages, restent ces appareils que l'on appelle compacts. Quels compacts sont les plus adaptés au trek ? La première qualité à rechercher est l’autonomie des batteries en nombre de photos. Comme les compacts sont par définition petits, leurs batteries sont souvent petites également et pour les batteries, plus petit signifie moins de capacité. Comme la vie est mal faite, les compacts ont moins d’énergie dans leur batterie, mais ils en consomment plus : la visée se fait avec l’écran arrière qui est donc plus souvent allumé et le zoom est opéré par de petits moteurs électriques et se déploie puis se rétracte à chaque allumage de l’appareil. Comme vous ne pouvez pas être sûr de recharger vos batteries pendant le trek, il faudra en emporter autant que nécessaire, et plus l’appareil aura d’autonomie, moins cela fera de batteries à emporter. Ensuite, ce que j’ai dit plus haut reste valable ici : il faut en trek disposer d’une large plage de focales. Comme les objectifs des compacts ne sont pas interchangeables, il faut choisir des modèles dotés de cette large plage de focales allant du grand-angle au téléobjectif. Finalement, quelques compacts haut de gamme sont dotés de caractéristiques qui, si elles ne sont pas absolument indispensables, améliorent bien les choses :

  • La possibilité d’enregistrer des images au format RAW en plus de JPEG. Cela vous permettra de retraiter vos images plus facilement (voir le chapitre sur le format RAW et ses avantages)
  • Un viseur optique ou électronique. Non seulement cela vous permettra de viser plus efficacement que l’écran arrière en plein soleil, mais cela vous permettra également d’économiser vos batteries en limitant l’utilisation de cet écran arrière qui consomme beaucoup d’énergie.

Pour finir, et vous montrer que je suis mes propres conseils, mon matériel actuel pour le trek (tous ces matériels sont protégés contre l’eau et la poussière) :

Si le trek n'est pas trop intense et que je peux me permettre d'ajouter du poids, la configuration suivante me permet d'améliorer la qualité (matériel toujours protégé contre l’eau et la poussière) :

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Les accessoires

C'est simple : il n'y en a pas vraiment besoin. La sensibilité des capteurs des appareils numériques aux basses lumières (surtout ceux qui ont un grand capteur) vous dispense d'utiliser un pied ou un flash. Certes, un pied pourrait augmenter le piqué des photos de paysage, mais il faut pour cela un pied de plusieurs kilos... et nous sommes en trek. Même chose pour le flash : il reste bien utile pour déboucher les contre-jours, mais en trek le flash intégré de votre appareil (s’il en a un) suffira bien pour cet usage, sinon vous pouvez vous en passer. Les effets produits par les filtres (en tout cas la plupart d'entre eux) peuvent quant à eux être reproduits lors du traitement de l'image. Les exceptions sont :

  • Les filtres ND qui permettent de faire des photos en basse vitesse même quand la lumière est forte, mais cette utilisation requiert souvent un trépied (ou alors il faut utiliser la stabilisation de visée de l’appareil si elle est suffisante)
  • Les filtres polarisants qui permettent de réduire la luminosité du ciel (ce que l'on peut faire la plupart du temps part par traitement numérique) et réduire les réflexions sur certaines surfaces, l'eau et la végétation
  • Les filtres anti-UV ou Skylight qui ne sont pas vraiment des filtres mais protègent la lentille frontale de vos objectifs

Les seuls accessoires que j'emporte toujours sont donc :

  • Un filtre anti-UV pour protéger chacun de mes objectifs
  • Un stylo Lenspen pour nettoyer les objectifs
  • Des cartes mémoire et des batteries de rechange
  • Des boîtes Gepe pour stocker mes cartes mémoire
  • Des dragonnes pour attacher les bouchons d’objectif aux objectifs (perdre les bouchons est autrement assez facile)

Éventuellement, si le poids est moins important, je prends aussi :

  • Des filtres ND et des filtres polarisants (si vous ne voulez pas devoir acheter des filtres pour chacun de vos objectifs, les filtres NISI ou les filtres LEE permettent d'adapter un seul jeu de filtres sur plusieurs objectifs)
  • Un Whibal pour avoir une référence « gris neutre » lorsque je photographie dans des bâtiments ou des grottes et que la lumière provient d'une source avec une dominante colorée ou est réfléchie par une surface colorée.

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Le sac photo

Comme je vous l'ai dit dans l’introduction, en trek, il faut « dégainer » son appareil avec rapidité et le ranger de même. Il faut également pouvoir changer d’objectif, de carte de mémoire et de batterie, si possible, sans avoir à poser sur le sol son sac.

Pour saisir rapidement son appareil et le ranger tout aussi rapidement, ainsi que pour changer la batterie et la carte, j’ai expérimenté trois solutions :

  • Une sangle pour porter l’appareil en bandoulière : j’ai été réticent pendant longtemps vis-à-vis de cette solution, car l’appareil n’est alors pas protégé. Maintenant que j’ai un boîtier et des objectifs étanches à la pluie et à la poussière, toutefois, c’est ma méthode préférée car elle gène moins la marche que le sac photo de ceinture. Il faut bien avoir une sangle qui permet de porter l’appareil à la hanche en bandoulière et pas une sangle qui permet de le porter sur la poitrine. L’appareil est ainsi mieux maintenu en position et l’objectif, qui pointe vers le bas, risque moins de s’abimer en heurtant un rocher si l’on grimpe un peu. Je suis fan des sangles Peak Design qui glissent bien lors de la prise de vue, se mettent, se retirent et s’ajustent très facilement. On met la sangle avant le sac à dos. De cette manière on peut retirer le sac sans retirer l'appareil et le poser… par terre.
  • Le sac photo de ceinture : c'était mon mode de portage favori jusqu'à il y a peu, mais lorsque le poids à porter est important, ce type de sac à tendance à descendre et il gène alors la marche lorsque l'on doit lever les jambes ( c’est-à-dire dans les montées). A part cet inconvénient, il a tous les avantages : tout le matériel est facilement accessible et, ouvert, le sac sert de support pour changer la batterie ou la carte mémoire. Fermé, il protège les appareils qui ne sont pas étanches à la pluie et la poussière. Le LowePro Photo Runner, que j'utilisais à une époque, n'est plus fabriqué, mais LowePro continue de fabriquer un autre modèle. Cela ne semble pas une solution très populaire toutefois.
  • Sac F-STOP Anja
  • Le sac à dos : le sac à dos procure un confort de portage inégalé, surtout lorsque l'on a beaucoup de matériel, mais il a un inconvénient tout aussi grand : il faut le poser par terre pour accéder au matériel. Certains modèles permettent d'accéder à une partie du matériel sans le poser (par une ouverture latérale ou dorsale), mais ceux que j'ai testés n'étaient tout simplement pas faits pour le trek : soit ils ne permettaient pas de ranger le matériel que l'on emporte en plus du matériel photo, soit les bretelles, la sangle ventrale et le dos n'étaient pas assez confortables pour les longues marches. Le sac à dos qui m'a finalement donné satisfaction est le F-Stop Ajna. Le portage de ce sac est un vrai plaisir, même s'il est chargé, et le matériel photo se met dans des inserts (à acheter en supplément). En variant la taille des inserts on peut privilégier le matériel photo ou le matériel de trek suivant ses besoins. On accède au matériel photo par le dos, mais il faut pour cela poser le sac. Je compense cet inconvénient en portant l'appareil avec son objectif le plus couramment utilisé en bandoulière comme indiqué ci-dessus.

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Cartes mémoire et batteries

Emporter en trek du matériel photo numérique peut faire peur sachant qu'il n'y aura pas, pendant plusieurs semaines peut-être, de prise de courant pour recharger ses batteries et d'ordinateur pour décharger ses cartes mémoire. Dans la pratique, ce n'est pas un problème.

Les grosses batteries de reflex permettent de faire couramment 500 à 800 images avant de déclarer forfait (et même plus encore avec certains boîtiers) et celles pour appareils hybrides, plus petites, permettent tout de même dans les 300 à 350 images. Pour les autres types d’appareils, testez impérativement l’autonomie de la batterie suivant la méthode ci-dessous. Je prends pour ma part cinq batteries, car les appareils micro quatre tiers sont parmi ceux qui ont le moins d'autonomie (à cause de la petite taille du boîtier et donc de la batterie).

Même chose pour les cartes mémoire : leur prix est devenu dérisoire au fil des années et disposer des giga-octets nécessaires à stocker les centaines voire les milliers d'images que l'on peut faire pendant un voyage n'est pas un problème, même si vous enregistrez vos images en format RAW, comme je vous y incite plus loin. Un conseil : prenez plutôt plusieurs cartes de plus petite capacité qu'une grosse carte qui vous ferait tout votre voyage. Si une carte venait à avoir une défaillance, vous ne perdriez alors que les photos stockées sur celle-là et pas toutes les photos du voyage. Les disques durs alimentés par batterie ou piles et qui permettent de sauvegarder le contenu des cartes mémoires sans avoir besoin d'un ordinateur peuvent sembler une solution sécurisante, mais dans les conditions difficiles d'un trek ils s'avèrent beaucoup moins fiables que les cartes elles-mêmes (j'ai personnellement connu des problèmes avec ce genre de matériel et je ne suis pas le seul). La meilleure solution à tous points de vue (fiabilité, simplicité, poids) est d'avoir assez de cartes pour stocker toutes les photos du voyage et à les protéger dans des boîtiers étanches et résistants aux chocs. Certains appareils permettent d'enregistrer les images sur deux cartes mémoire simultanément. C'est le summum en matière de sécurité : la probabilité que deux cartes tombent en panne ensemble est très réduite si elles ne sont pas stockées au même endroit.

Vous venez d'acquérir un nouvel appareil photo et vous ne savez pas combien de batteries et de cartes mémoire vous devez prendre en voyage ? Estimez tout d'abord le nombre de photos que vous allez faire chaque jour en fonction de vos habitudes (ne soyez pas timide dans vos estimations, le numérique incite à mitrailler). Faites des photos de sujets variés et calculez la taille moyenne des fichiers qui ont été créés lors de ces prises de vues. Le nombre de photos par jour multiplié par le nombre de jours de voyage multiplié par cette taille moyenne vous donnera la taille des cartes que vous avez à prendre. N'hésitez pas à appliquer un solide coefficient à ce nombre pour vous réserver une bonne marge de sécurité. Pour les batteries : charger une batterie à bloc puis faites chaque jour autant de photos avec l'appareil que vous comptez en faire par jour en moyenne pendant le voyage (vous pouvez prendre n'importe quel sujet à répétition sans chercher à répartir ces photos dans la journée). Une fois la batterie vidée, vous savez combien de jours elle tiendra pendant le voyage. Là encore, prendre une bonne marge de sécurité est une précaution élémentaire. Après votre premier trek avec ce matériel, vous pourrez raffiner ces estimations.

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Traitement des images

Faites du RAW

Le format RAW est un format d'image numérique spécifique à chaque appareil et qui, contrairement au JPEG, ne contient pas une image directement exploitable mais un enregistrement brut (d'où le nom) du signal produit par le capteur. Il faut donc utiliser de retour chez soi un logiciel spécialisé pour convertir le format RAW en un format directement exploitable par les logiciels de traitement d'images (JPEG ou TIFF). Le format RAW entraîne des contraintes, mais ses avantages sont très importants :

  • Lorsque vous prenez des photos en format JPEG, le logiciel qui va convertir le signal issu du capteur en une image est logé dans un microprocesseur dans l'appareil. Si vous n'êtes pas satisfaits de cette conversion, vous ne pouvez rien faire : l'information initiale est perdue. Si vous enregistrez l'image en format RAW, le signal issu du capteur sera directement enregistré dans le fichier. La conversion vers un format d'image classique sera effectuée sur votre PC par un logiciel spécialisé. Votre PC est beaucoup plus puissant que la puce de votre appareil photo et il n'est pas obligé de faire la conversion en temps réel. Il va donc pouvoir appliquer des algorithmes beaucoup plus sophistiqués. De plus, vous allez communiquer à ce logiciel des paramètres (exposition, traitement des hautes et basses lumières, contraste, saturation des couleurs, ...) qui vont permettre d'optimiser le rendu des images en utilisant l'intégralité de l'information enregistrée dans le fichier plutôt qu'une version dégradée de celle-ci. Si l'algorithme de votre programme de conversion des RAW ne vous satisfait pas, vous pouvez changer de logiciel. Les progrès du développement de ces outils signifient que vous pourrez même revenir sur vos photos enregistrées en RAW des années après la prise de vue pour les améliorer avec un nouveau logiciel.
  • L'algorithme de compression de l'image du RAW est, contrairement au JPEG, non destructif (quand il y en a un).
  • Chaque canal de couleur primaire est enregistré en 12 bits au minimum au lieu de 8 bits en JPEG, donc 16 fois plus de finesse de résolution des couleurs (un peu dans les ombres mais surtout dans les hautes lumières). Ceci n'a pas d'intérêt immédiat lorsque vous visualisez l'image brute car l'œil ne peut de toute façon pas distinguer ces couleurs supplémentaires, mais si vous appliquez des transformations de luminosité à cette image (augmentation générale ou locale du contraste et récupération des hautes lumières en apparence « brulées », notamment) le résultat sera bien meilleur si vous partez d'une image ayant plus de couleurs. En fait, les possibilités de traitement de l'image après la prise de vue sont assez réduites pour une image JPEG et beaucoup plus étendues pour du RAW.

Les contraintes sont :

  • La taille du fichier est 2 ou 3 fois plus importante que pour du JPEG
  • Les RAW doivent être traités, au retour, avant d'avoir des images exploitables

La première contrainte n'en est plus vraiment une, compte tenu de la baisse de prix des cartes mémoire. Il suffit de prévoir sa capacité de stockage en conséquence. Pour minimiser la deuxième, utilisez un logiciel de visualisation/conversion des RAW efficace. J'utilise pour ma part Adobe Lightroom. Il est spécialement conçu pour les photographes, il permet de peaufiner les réglages lors du « développement » d'un fichier RAW pour en extraire le maximum.

Un conseil de prise de vue si vous utilisez le format RAW. Certains sujets présentent un faible contraste lumineux. Vous vous en apercevrez en examinant l'histogramme de l'image (d'une manière générale, regarder l'image sur l'écran de contrôle après la prise de vue ne sert pas à grand-chose, il vaut mieux consulter l'histogramme pour savoir si votre image est correctement exposée) car la courbe de cet histogramme n'occupera pas tout l'espace de la gauche, qui symbolise les basses lumières à la droite, qui symbolise les hautes lumières. Or, le capteur enregistre des différences de couleur plus subtiles et avec moins de bruit dans les hautes lumières que dans les basses (je simplifie outrageusement, mais si vous voulez la vraie explication technique, cherchez les termes « exposer à droite » sur le Web). Pour profiter de cette capacité du capteur dans les hautes lumières, il faut refaire l'image en surexposant pour que la courbe de l'histogramme vienne « buter » sur la droite du graphique (sans excès, la courbe doit toujours être comprise dans les limites du graphique). Lorsque vous visualiserez l'image ainsi enregistrée, pas de miracle : elle sera surexposée, potentiellement blanchâtre et délavée. Mais diminuez l'exposition dans le logiciel de traitement des RAW et augmentez le contraste et vous aurez alors une meilleure image que si vous aviez laissé la courbe de l'histogramme au centre comme votre appareil le suggérait probablement spontanément. Ce conseil sera plus facile à mettre en œuvre dans le cas d'une photo de paysage, qui vous laissera tout le temps de peaufiner vos réglages, que dans le cas d'un portrait où le sujet sera moins coopératif.

En pratique, l'utilisation du format RAW signifie que vous allez pouvoir exploiter pleinement votre appareil numérique pour obtenir un rendu de vos images que vous ne pourrez espérer avoir en JPEG. Les possibilités offertes par le RAW sont vraiment étonnantes, aussi, malgré les contraintes, faites du RAW : je vous assure que vous ne le regretterez pas et ne reviendrez jamais au JPEG.

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Le traitement des images

Ce n'est pas parce qu'une image numérique a été correctement enregistrée lors de la prise de vue, ou en d'autres termes qu'elle contient toute l'information que l'on souhaite restituer, des plus hautes aux plus basses lumières, qu'elle est utilisable telle quelle pour un tirage ou pour le Web. Une modification de son rendu est souvent nécessaire pour amener une photo brute sortie de la carte mémoire à un fichier destiné à un tirage soigné ou à un site Web de qualité.

D'aucuns n'hésitent pas à qualifier de « tricherie » toute forme de traitement de l'image. C'est une position quelque peu irréaliste : les appareils photo, qu'ils soient argentiques ou numériques ne restituent pas l'image telle que vous l'avez vue lorsque vous avez pris la photo. Le couple œil-cerveau est un magnifique outil qui s'adapte aux fortes ou aux faibles luminosités, aux forts ou aux faibles contrastes et aux diverses températures de couleur, et je ne parle même pas de la manière dont le cerveau interprète l'image ensuite. On pourrait supposer les appareils photo à même de restituer une scène telle vue avec les yeux, mais il n’en est rien. Ainsi, paradoxalement, pour pouvoir communiquer à d'autres ce que vous avez vu sur place vous devrez traiter vos images. Même la retouche (l'élimination d'un détail gênant qui vous a échappé à la prise de vue) ne fait que reproduire un comportement que les photographes ont eu depuis toujours : lorsqu'un élément gène dans une photo... on le sort du cadre. Combien de photos de « nature sauvage » ont-elles ainsi été prises sur le bord d'une route ?

Là encore, mon logiciel de choix est Adobe Lightroom. Non seulement il permet de tirer la quintessence des fichiers RAW comme expliqué plus haut et de faire de petites retouches, mais il permet également de gérer toute la chaîne de production de l'image depuis le déchargement de la carte mémoire, le catalogage, la sélection en passant par le traitement et en finissant par la création de diaporamas, la préparation pour l'impression et la création de galeries pour le Web. Tout ce dont vous avez besoin est là.

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Les techniques de prise de vue spéciales

Le HDR

L'histogramme que votre appareil numérique affiche après (ou même pendant pour les hybrides) la prise de vue vous permet d'être sûr de ne jamais mal exposer une photo : si la courbe est tronquée à droite, vous surexposez, si elle est tronquée à gauche vous sous-exposez. Vous n'avez alors plus qu'à refaire la photo avec la correction d'exposition correspondante (à moins que cela ne soit volontaire). Mais que se passe-t-il si la courbe est tronquée à la fois à droite et à gauche ? Cela signifie que le sujet est trop contrasté, c'est à dire que l'écart entre les hautes et les basses lumières de la scène est trop important pour le capteur de votre appareil.

S'il ne s'agit pas d'un effet que vous voulez créer et si vous voulez réellement enregistrer dans la même photo aussi bien les hautes lumières que les basses, il existe un moyen : le HDR ou High Dynamic Range. Il s'agit de prendre plusieurs photos (au minimum deux) de la même scène avec des expositions différentes et de les assembler en les superposant dans un logiciel spécialisé pour que toutes les parties de l'image soient correctement exposées. Idéalement, les différentes photos sont prises avec un pied et un sujet immobile pour que les images se superposent parfaitement... mais nous sommes en trek et nous n'avons pas de pied. Il faut donc utiliser le mode bracketing de votre reflex conjointement au mode rafale, à moins que votre appareil n'ait un mode HDR pour faire cela.

Le logiciel roi pour assembler ensuite les images d'une série HDR est Photomatix, mais Adobe Photoshop et Lightroom permettent aussi de mettre en œuvre cette technique et certains appareils ont même un mode HDR incorporé. Photomatix permet de réaligner automatiquement les images qui ont été prises à main levée et d'estomper les parties du sujet qui auraient bougé entre les différentes images (si les mouvements ne sont pas trop importants). Son utilisation est controversée car il donne un look artificiel aux images qu'il crée, mais changez ses réglages et vous obtiendrez une image dont le traitement HDR est très discret.

Par temps couvert, on peut utiliser le HDR de manière presque systématique pour les photos de paysage, car le contraste entre le ciel nuageux et un paysage sombre car peu éclairé donne sinon des photos sans intérêt, aux cieux d’un blanc laiteux et sans détails.

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Les photos panoramiques

On peut assembler avec un logiciel (ou même certains appareils photo) des photos prises en séquence pour recomposer un panorama géant. Là encore, cela se passe normalement avec un pied pour aligner au mieux les différentes images mais, là encore, il est tout à fait possible de procéder à main levée.

Sélectionnez la focale désirée et balayez une première fois le champ que vous voulez photographier pour être sûr qu’un élément que vous voudriez inclure dans le cadre n’est pas au dessus ou en dessous du cadre et pour vérifier quelle est la luminosité maximale de la scène. Si vous voulez étendre le cadre balayé, vous pouvez utiliser l’appareil en cadrage vertical au lieu du cadrage horizontal. Il faut ensuite mettre avant la prise de vue l'appareil photo en mode d'exposition manuel et mise au point manuelle en sélectionnant pour l’ouverture, le temps de pose et la mise au point les valeurs suggérées par un mode automatique dans une zone d’ensoleillement maximal du panorama, pour prendre la série de photos de manière à ce que les différentes images soient prises avec le même réglage, ce qui facilitera le travail du logiciel d'assemblage. Il est à noter que, quelquefois, pour des panoramas particulièrement étendus avec des conditions de luminosité très différentes (notamment si le soleil est inclus dans le champ), il vaut mieux ignorer ce conseil et laisser l’appareil en mode automatique (la mise au point devant toujours être manuelle et inchangée entre les images). En cas de doute, essayez les deux techniques. Utilisez les repères des zones de mise au point que vous avez dans le viseur pour aligner les différentes images et faire en sorte qu'elles se recouvrent : repérez lorsque vous déclenchez un détail du paysage sur lequel est le repère le plus à droite (si vous balayez de gauche à droite) et déplacez le cadrage pour mettre sur ce détail le repère le plus à gauche et ainsi de suite.

Ne vous sentez pas obligés de faire des panoramas seulement dans le sens horizontal : cette technique peut être utilisée en combinant des photos réparties aussi bien horizontalement que verticalement dans la même prise de vue. Cela permet soit d’avoir un angle couvert supérieur à ce que permet votre plus grand objectif grand-angle, soit d’avoir une photo très détaillée dont la résolution dépasse de loin celle de votre capteur. Attention toutefois : cette technique est facile à mettre en œuvre à main levée pour un paysage, quand le premier plan est assez éloigné du photographe, mais lorsque le premier plan (ou le sujet lui-même) est près du photographe, les légers changements de perspective entre les photos vont rendre difficile la tâche d’un logiciel d’assemblage de panoramas. Il faut alors utiliser la technique expliquée dans le chapitre sur les panoramas à 360°.

Pour assembler les différentes images d’un panorama en une seule, il faut un logiciel. Celui que j'utilise est Autopano Pro. Il permet de réaliser des assemblages parfaits de manière totalement automatique et en tolérant très bien les erreurs d'alignement des images prises à main levée et les écarts d'exposition. Il permet également de corriger des panoramiques qui présentent des défauts d'alignement (photo de bâtiments notamment où l'aspect rectiligne des arêtes est capital).

Si, grâce aux logiciels d’assemblage, la plupart de ces panoramiques sont techniquement réussis, il n’en va pas toujours de même pour ce qui est de leur qualités esthétiques. Il faut seulement se rappeler, en faisant une photo panoramique d'un paysage à couper le souffle, qu’à la fin elle ce ne sera qu'une image rectangulaire en deux dimensions. Pour retrouver l'émotion liée au paysage initial, il faudra faire la même chose qu'en photo de paysage classique : inclure plusieurs plans pour suggérer la profondeur, remplir tout le cadre... Ce qui n'est pas toujours très facile en photo classique devient vraiment très difficile en panoramique. Pour cette raison, il vaut mieux se limiter à des panoramas de 2-3 photos qu’il est plus facile de « remplir » avec des sujets qui ne donneront pas aux personnes qui les regardent une impression de photo essentiellement vide. Pour restituer les paysages plus grands que nature, il y a les panoramas à 360°…

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Les panoramas à 360°

Vous avez certainement déjà vu ces panoramas dans Google Earth ou dans le mode « Street View » de Google Maps : vous pouvez, à l’aide de la souris ou des touches flèche du clavier regarder tout autour de vous, en haut, en bas (voir également de telles photos prises lors de mon trek vers le camp de base de l'Everest) … Vous pouvez également agrandir une portion du panorama pour voir un détail ou, au contraire, agrandir votre champ de vision. Bref, d’un point de vue visuel, vous avez vraiment l’impression « d’être là ». Si vous associez cette technique aux paysages grandioses que l’on rencontre en trek, le résultat peut être bluffant.

Au début, la prise de vue panoramique à 360° était réservée à des spécialistes dotés d’un matériel conséquent et très lourd. La mise en place et le réglage de ce matériel et la prise de vue réclamait également du temps. Ce n’était pas pour les trekkeurs donc, qui ne peuvent pas emporter beaucoup de matériel n’ont pas toujours beaucoup de temps pour la prise de vue. Le progrès des logiciels d’assemblage d’images et les recherches de quelques photographes aguerris ont changé tout cela.

Que faut-il pour faire en trek un panorama à 360° sans trépied ?

La technique consiste à faire de multiples prises de vue avec un objectif ayant le champ de prise de vue le plus étendu possible. On préfère un objectif de type « fish eye » car à focale équivalente il permettra de couvrir un plus grand angle qu'un objectif « normal » (aussi appelé rectilinéaire). Ceci se fera au prix d'une distorsion de l'image que l'objectif rectilinéaire n'aura pas. Cette distorsion ne nous dérange pas car le logiciel d'assemblage la corrigera. L'idée est que plus le champ couvert par l'objectif est important, moins on devra faire de photos pour couvrir les 360° du panorama.

La clé qui permet ensuite de pouvoir assembler les photos : il faut que pour toutes les prises de vues le centre optique de l'objectif soit aligné avec le même point. C'est la raison pour laquelle on utilise souvent un trépied avec une monture spéciale (appelée tête panoramique) pour faire ce genre de photos. En trek, toutefois, pas de trépied. L'astuce (que j’ai découverte grâce à cette vidéo) est donc de créer un fil à plomb en accrochant un petit objet lourd (un mousqueton pour moi) à une ficelle (du fil de pêche dans mon cas) que l'on attache ensuite (avec un élastique ou une boucle) autour de l'objectif, là où l'on imagine être le centre optique. Lors des prises de vues, on va alors faire en sorte que le « plomb » soit exactement au-dessus du repère au sol que l'on a pris (là encore, une brindille ou un brin d'herbe sont utiles) en le touchant presque mais pas tout à fait. La ficelle sera alors bien tendue et le centre de l'objectif sera au même endroit et à la même hauteur pour toutes les photos... enfin presque, mais comme pour les panoramas classiques, le logiciel d'assemblage corrigera les petites différences de position.

Pour savoir combien de photos vous devrez prendre et suivant quel schéma, vous devrez expérimenter un peu : cela dépend de la focale de l'objectif et de la taille de votre capteur. Il n'y a pas de règle universelle. Voici toutefois certains schémas que j'ai expérimentés :

  • Avec un capteur plein format et un objectif fish-eye 8mm, je n'ai qu'à prendre 4 photos à 90° les unes des autres en cadrage vertical, mais en ne maintenant pas parfaitement horizontal l'appareil : en l'inclinant un peu l'appareil en arrière pour une photo et un peu en avant pour la suivante (pour avoir le ciel exactement au dessus et le sol exactement au-dessous). Voyez avec la vidéo comment procéder.
  • Avec un capteur APS-C et toujours un objectif fish-eye 8mm, je dois cette fois faire 4 photos (espacées de 90° chacune, donc) en cadrage vertical en maintenant l'appareil bien horizontal, puis une photo du ciel à la verticale, et finalement une photo du sol à la verticale. Il m’est arrivé de ne pas bien espacer les prises de vues de 90° et de laisser un petit espace entre elles. Pour assurer une prise de vue correcte quand je sais que je n’aurai pas la possibilité de revenir faire des prises de vues, je fais alors 6 photos espacées de 60°.
  • Avec un capteur quatre tiers et toujours un objectif de 8mm je fais, en cadrage vertical, 8 photos espacées de 90°. Pour chaque direction, je fais une photo en maintenant l'appareil horizontal ou légèrement incliné en haut et une en baissant le cadrage jusqu'à voir le point à la verticale de l'appareil sur le sol. Je termine par une photo du ciel à la verticale, puis une photo du sol à la verticale.

Dans tous les cas, faire des photos régulièrement espacées à 90° ou 60° peut être plus difficile qu'il n'y parait : je dépose généralement sur le sol une brindille ou un brin d'herbe d'une couleur différente pour servir de repère directionnel.

Le logiciel d'assemblage que j'utilise est toujours Autopano Pro et le logiciel qui me permet ensuite de créer des « visites virtuelles » interactives à inclure dans un site web est Panotour, fait par le même éditeur. Si vous avez un casque de réalité virtuelle, vous pouvez même vous immerger dans l'image. C'est véritablement spectaculaire.

La seule chose qui rend ce type de prise de vue difficile est qu'il faut du temps pour faire correctement la série de de photos, alors comme je l'ai expliqué en introduction, il faut attendre une pause ou une halte au campement pour< se lancer.

Une alternative beaucoup plus simple, et qui fonctionne aussi pour les vidéos, est l'utilisation d'une caméra 360°. La plupart de ces caméras permettent aussi de prendre des images fixes : en un seul clic, vous enregistrez une image sur 360°. Les capteurs (il y en a deux, généralement) sont plus petits que sur un reflex ou un hybride et la résolution finale de l'image sera bien inférieure à ce que vous auriez en assemblant les images prises avec un appareil photo classique. Il faudra par ailleurs trouver un support pour fixer cette caméra si vous ne voulez pas la tenir vous-même et être en gros plan sur la photo. Un autre inconvénient est que la batterie de la caméra n'est pas toujours amovible et que l'on ne dispose donc que d'une seule charge.

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Le focus stacking

De la même manière que l'on peut assembler plusieurs images pour constituer un panorama plus large que le champ couvert par son objectif, on peut également assembler plusieurs photos prises avec des distances de mise au point différentes pour composer une photo absolument nette du premier plan à l'infini. Cette technique est surtout utilisée en macrophotographie car on y manque souvent de profondeur de champ, mais on peut également l'utiliser en paysage quand on veut inclure un premier plan très proche de l'appareil.

Faire les différentes photos manuellement en décalant le mise au point à chaque fois n'est pas chose facile et il vaut mieux disposer d'un appareil qui le fait automatiquement et en mode rafale pour qu'il n'y ait pas beaucoup de décalage du cadrage entre les images.

Là encore, c'est le logiciel (pour moi, Adobe Photoshop) qui alignera les images et gardera les parties nettes de chacune.

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La vidéo

Ce n'est pas tout à fait une technique de prise de vue spéciale, quoique, pour quelqu'un habitué à la photo, cela y ressemble.

Tous les appareils photo numériques aujourd'hui permettent de faire de la vidéo, mais ce n'est pas pour autant que faire de la vidéo en trek est une chose facile.

Faire de la vidéo implique des contraintes que l'on n'a pas forcément en faisant de la photo. Il faut raconter une histoire qui ait un semblant d'unité dans le propos plutôt que d'assembler des images qui n'ont pas forcément de rapport entre elles. On est souvent amené à scénariser une scène en demandant à des trekkeurs ou à des locaux de jouer un rôle. D'une manière générale, la vidéo demande plus d'investissement en termes de réflexion, de mise en place des sujets et des prises de vues que la photo, et comme je vous l'ai dit, en trek nous ne sommes pas là pour faire de la photo, et encore moins un documentaire filmé.

Si vous êtes tout de même tentés, je vous conseillerais de simplifier les choses au maximum et de ne pas vous prendre pour un réalisateur de génie dès vos premiers essais. Faites uniquement des plans fixes (l'appareil ne bouge pas pendant la prise de vue) et veillez à ce que le sujet reste à la même distance (pour éviter les problèmes de mise au point qui ne sont pas toujours faciles à gérer). La prise de son est souvent mauvaise si l'on utilise le micro interne (surtout s'il y a du vent) et dans ce cas, il faut la remplacer le son originel par de la musique lors du montage ou utiliser un micro externe (de préférence avec un manchon à poils pour atténuer l'effet du vent en extérieur).

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Les drones

Il me reste encore à essayer la prise de vue depuis un drone en trek, mais si vous y arrivez, sachez que ce ne sera pas une première : cela a déjà été fait.

Sac F-STOP Anja

Des drones comme le DJI Mavic Pro ou le DJI Spark ont une taille suffisamment petite pour être emportés dans un sac à dos si un peu de poids supplémentaire ne vous fait pas peur. Il faut tout de même les employer à bon escient car les batteries des drones ont une forte capacité et une fois qu'elles seront vidées, il sera probablement impossible de les recharger faute de trouver une source de courant.

En tout cas, utilisés dans certains des lieux réellement spectaculaires que nous sommes amenés à traverser en trek, les drones devraient donner des prises de vue assez extraordinaires.

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